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L'OEIL DE JOHN KEATS A ROME


Pendant des heures il reste aupres de la fenetre
il se jette parfois sur les Escaliers Espagnols
ou bien dans au Tibre
sur les escaliers
il s'écrase et puis comme une méduse de gel
il revient intact a la main d'une peau foncée
d'un vendeur de la rue

dans l'eau
il nage et puis s'envole pour dessécher ses ailes
il balaie les arcs d'Hadrien aux ponts
les cieux aux dômes du Vatican
aux horizons - les corbillards des pins parasols

chaque soir il commande le meme vin
dans le meme bar
revenu enfin a sa fenetre il écrit avec son doigt sur la vitre

la foule sur les escaliers ne le laisse pas s'endormir
l'oeil ne sait pas ce qu'il faut faire apres
et recommence donc tout
a partir de la pupille
a partir du testicule.




ÉPIPHANIE


Je suis restée
toute seule au millieu d'une foule
illuminée par ma solitude
remplie par le manque dont
je n'ai pas prévu l'antinomie

comme si un pétale de rose
monstrueux glissait vers le bas
de ma tete
le long de mon dos jusqu'aux talons
d'Achille
comme si j'y étais plantée
traquée : nue et chauve -
épilée dénuée
de mes tentacules qui sont a l'extérieur
des cheveux de la lumiere qui font la cour
a mon intérieur

touchée par une soudaine
tendresse
inutile.




LA VESTE


Nos doigts se fanaient et tombaient
quand nous veillions au chevet de ton corps malade
tu étais entier dans nos ongles comme dans les pétales d'une quintefeuille
tout blanc d'effleurements

quand tu es mort nous avons dit a Rozalka que tu étais monté au ciel
et pour le prouver nous avons dressé nos doigts
elle a regardé vers le haut et a demandé

est-ce que papi a bien pris sa veste ?

au-dessus de nous un vol d'oies sauvages dérivait vers le Sud
quelqu'un lors a trouvé une plume blanche sur l'essuie-pieds
un signe que tu as pris ta doudoune et que tu n'as plus a craindre le froid

cette espace qui remplit la veste ou est-il
et quand ?




Traduction : Tomasz Wojewoda
Révision : Krystyna Rodowska et Françoise Roy